TRAVAIL FORCÉ DES OUÏGHOURS : H&M, ZARA, HUGO BOSS RECULENT FACE À LA MENACE DU BOYCOTT DE LA CHINE

image des boutiques H&M, ZARA...

Dans le combat qui oppose les Occidentaux aux Chinois à propos du travail forcé des Ouïghours une minorité musulmane dans la région du Xinjiang, il a suffit que les second brandissent l’arme du boycott pour que les géants de la fast fashion s’inclinent. Ils avaient pourtant déclaré en 2020, refuser de travailler avec les usines de productions de coton de Xinjiang.

H&M, Zara, Hugo Boss, Nike, sont autant de marques qui semblent avoir cédé face à la menace chinoise de les boycotter suite à leur engagement en faveur de la lutte contre le travail forcé des Ouïghours dans les champs de coton du Xinjiang, province du nord-ouest du pays. Effectivement, début mars après que l’Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada aient annoncé des sanctions contre Pékin sur le traitement de cette minorité musulmane, celui-ci a lancé une vaste campagne de boycott contre ces géants occidentaux de l’habillement. Ces derniers avaient communiqué un an auparavant, leur volonté de cesser de s’approvisionner en coton du Xinjiang.

Cette campagne a été soutenue entre autres, par la Ligue de la jeunesse communiste et plusieurs artistes chinois. « Diffuser des rumeurs et boycotter le coton du Xinjiang, tout en espérant gagner de l’argent en Chine ? Vous rêvez ! », a écrit l’organisation affiliée au parti au pouvoir sur les réseaux sociaux où ces déclarations ont été soutenues et reprises en boucle. Des acteurs et chanteurs ambassadeurs de Nike, Adidas, Uniqlo, Converse, Calvin Klein et autres, ont également annoncé coupé tout lien avec ces marques dont les articles ont été retirés des principaux sites de ventes en ligne chinois. C’est particulièrement vraie pour H&M dont les boutiques sont néanmoins restées ouvertes.

Choisir entre perdre toute crédibilité et beaucoup d’argent …

Prises en étau entre la peur de perdre toute crédibilité dans le monde occidental et beaucoup d’argent sur le marché très lucratif de l’empire du milieu, ces grandes marques ont visiblement choisi le profit. Et pour cause ! Nike par exemple compte plusieurs milliers de magasins dans le pays et y a même réalisé l’an dernier 18% de son chiffre d’affaires. La marque américaine a ainsi déclaré qu’elle n’endossait « aucune position politique ».

Pour H&M, la Chine était en train de devenir son troisième marché, avec plus de 500 magasins et des ventes montant à 280 millions d’euros pour les mois de septembre, octobre et novembre 2020. Le géant suédois qui a affirmé dans un premier temps, faire« tout son possible » pour trouver une issue à la crise, a tout simplement retiré de son site, le communiqué de presse sur ses engagements en faveur des Ouïghours. Du côté d’Inditex, groupe détenteur de la marque Zara, Xinjiang n’est plus spécifiquement mentionné dans ses principes de « tolérance zéro » figurant sur son site, a expliqué à l’AFP, Nayla Ajaltouni, représentante en France de la coalition internationale End Forced Labour in the Uyghur Region rassemblant 180 ONG et syndicats.

Ce à quoi le directeur général d’Inditex France, Jean-Jacques Salaün, a répondu en affirmant que la lutte contre le travail est dans « l’ADN du groupe quel que soit le pays ou l’ethnie concernée. Nous sommes contre le travail forcé et nous nous conformons à ce principe. On demande de plus en plus aux entreprises de se positionner politiquement. Mais ce n’est pas leur rôle, c’est aux États de prendre leurs responsabilités » .

Enfin, la marque allemande de vêtements de luxe Hugo Boss n’a pas hésité à affirmer sur le réseau social chinois Weibo, qu’elle continuerait à « acheter et soutenir le coton du Xinjiang » tandis que dans un communiqué publié sur son site, elle souligne son opposition à utiliser du coton de cette province. Et interrogée par l’agence Hong Kong free press, elle a assuré n’avoir jamais utilisé de matière première « provenant directement de la province du Xinjiang », a signalé France 24 qui l’a « questionné sur son double discours destiné aux consommateurs chinois d’une part et occidentaux d’autre part », sans obtenir une réponse de sa part.

Pourtant, ces marques ont reçu plusieurs soutiens politiques internationaux à l’image du Premier ministre suédois Stefan Löfven qui a naturellement défendu H&M. « Je pense que c’est très bien quand les entreprises prennent leurs responsabilités sur les conditions de travail des salariés partout dans le monde, que les salariés soient traités avec respect », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. De même, la porte-parole de la diplomatie américaine, Jalina Porter a affirmé à la presse : « Nous saluons et nous soutenons les entreprises qui adhèrent aux lois américaines et garantissent que les biens que nous consommons ne sont pas produits grâce au travail forcé ».

Vitraulle MBOUNGOU
Vitraulle MBOUNGOU

Journaliste et activiste reconvertie dans la communication digitale, notamment le brand content, j’ai décidé de lancer ce blog en parallèle, pour parler et partager avec une communauté bienveillante et ouverte, des sujets qui me touchent particulièrement...

Newsletter

Accédez à tous les contenus du blog et plus encore en vous abonnant à notre newsletter...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *