
Pendant que la junte militaire birmane accusée de crimes contre l’humanité suite à son coup d’Etat, tente de redorer son blason à l’étranger grâce à un ancien agent des services de renseignement israéliens « devenu lobbyiste » selon le quotidien britannique The Guardian, les manifestations pro-démocratie se poursuivent dans les villes birmanes.
Pour rappel, le 1er février dernier, les militaires birmans décident d’arrêter la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi avec d’autres hauts représentants de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD). Ils les accusent de fraudes électorales lors des législatives remportées démocratiquement en novembre 2020. Dès lors, un mouvement de contestation est lancé avec des manifestations dans tout le pays, où les femmes n’hésitent pas à se mettre en première ligne et en payent le prix. Elles représentent près de 60% des manifestants, d’après Debbie Stothard de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) citée par l’AFP. Mais très vite, elles trouvent une arme redoutable qui freine quelque peu la violence de la junte militaire : leurs jupes.
La « révolution du longyi »…

Cette insurrection pacifique a ainsi été baptisée la « révolution du longyi », du nom de la jupe traditionnelle du pays, également portée par les hommes. Depuis, il n’est donc pas rare de voir dans les rues sur le parcours des manifestations, de jupes suspendues en hauteur. Et la question à un million de dollars que beaucoup se pose : pourquoi des jupes feraient-elles peur à une armée accusée de répressions meurtrières? La réponse : une vielle croyance qui interdit aux hommes de passer sous les habits portés sur la partie inférieure du corps des femmes, au risque de perdre leur pouvoir viril et de voir les pires malheurs s’abattre sur eux.
«Cela peut sembler étrange aux non-Birmans, mais c’est une tactique qui fonctionne bien, notamment dans les zones ethniques. Les jupes retardent considérablement l’avancée des militaires.», a indiqué Htoi Naung, du groupe Shans Women’s Action Network au quotidien Libération avant d’ajouter : «Dans les zones ethniques, les femmes sont déjà très souvent cheffes de famille, de village. C’est donc tout naturellement qu’elles se sont retrouvées à la tête des mouvements ruraux de contestation.».
Et pour cause ! D’une manière générale, ce sont elles qui ont le plus à perdre d’un retour des militaires au pouvoir dans un pays très patriarcal. Ainsi, cette crise leur offre l’occasion de faire entrevoir la possibilité d’une société plus égalitaire.